A l’instant où j’écris ces mots, la projection de OKJA de Bong Joon-Ho est en train d’avoir lieu. Mais elle ne s’est pas faite sans problème. Huées à l’apparition du logo Netflix, un rideau mal relevé qui cache une partie de l’écran, une interruption de 7-8 minutes du film afin de changer cela, sous les moqueries de différents spectateurs, qui ont notamment dit : “Ha ! C’est vraiment pas fait pour le cinéma” à propos de la plateforme de Streaming. » (propos réels, trouvables auprès de l’AFP). Sans parler de certaines fédérations, qui ont boycotté les places des projections des films Netflix. Et tout ça, me met évidemment en colère.
Pour sûr, étant moi-même spectateur très régulier dans nos salles obscures, je regrette amèrement la non-sortie du nouveau Bong Joon-Ho sur grand écran (et le prochain Scorcese aussi). Mais…merde quoi…en 2017, rejeter une plateforme de streaming légal, qui permet notamment de voir des films que les distributeurs français sont bien trop frileux à nous sortir en salle (je pense notamment à l’excellent « Swiss Army Man » de Daniel Scheinert et Daniel Kwan). Rejeter une plateforme qui permet à certains d’atteindre une partie de la culture qui leur était difficilement visible jusqu’à maintenant (1 mois d’abonnement Netflix < 1 place de cinéma). Une plateforme qui permet à certains films qui auraient été sous-exploités au sein d’une distribution nationale, d’être visible par des millions de personnes (Exemple très juste cité sur Twitter par Mea de la chaîne Youtube “L’antre du Mea” : « American Honey de Cannes 2016 est sorti en 2017 dans 11 salles... »).
Netflix est bien plus qu’un distributeur. Il a ses défauts, mais il a aussi ses qualités. Netflix produit énormément de contenu : Films comme séries. Rejeter Netflix, c’est rejeter une nouvelle forme de l’industrie audiovisuelle. C’est aussi rejeter une partie des spectateurs. Bien sûr, il serait intéressant que distributeurs français et Netflix, trouvent un accord afin de proposer une diffusion dans les salles de cinéma de leurs productions originales. Mais c’est un soucis qui ne concerne que les adeptes du confort que propose une salle de cinéma, ceux qui en ont les moyens. Entre proposer son oeuvre au plus grand nombre, et privilégier la qualité de projection, je choisirai moi aussi le premier. Car la culture se doit de se répandre, et non l’élitisme.
L’élite cinématographique que représente bien trop souvent Cannes, est en train de s’enfermer sur elle-même. Elle devient un cinéma incestueux, qui rejette l’évolution de son média…et malheureusement, refuser d’évoluer c’est foncer droit vers sa propre perte.
Sur ce, moi je vous laisse, je pars regarder la saison 3 d’Unbreakable Kimmy Schmidt qui vient de sortir…sur Netflix évidemment.
(Et regardez la deuxième saison de Master of None )
Bruno.